La bouture ou la greffe

Ce que dit la science sur la régénération des plantes : bouture vs greffe

Les plantes ont une capacité remarquable : celle de régénérer des parties abîmées ou perdues, comme une racine sectionnée, une tige cassée ou un bourgeon arraché. Contrairement aux animaux, elles ne peuvent pas fuir un danger ou se déplacer pour éviter un stress. Elles ont donc développé une stratégie particulière : pouvoir réparer leurs tissus, voire se multiplier à partir de fragments.

Cette aptitude naturelle repose sur ce qu’on appelle la plasticité cellulaire. Cela signifie que certaines cellules végétales peuvent, en réponse à une blessure, se transformer et donner naissance à de nouveaux tissus spécialisés. C’est ce principe qui permet à certaines plantes de produire spontanément des rejets, des drageons ou des racines à partir de tiges cassées.

Ce phénomène, lorsqu’il se produit sans intervention humaine, est une forme de reproduction végétative naturelle. L’être humain a très tôt compris qu’il pouvait reproduire et canaliser ces mécanismes à son avantage. Il a ainsi développé des techniques de multiplication végétative, c’est-à-dire des méthodes qui permettent de propager une plante sans passer par les graines, en créant un individu génétiquement identique à la plante mère.

Parmi ces techniques, deux sont aujourd’hui particulièrement répandues en horticulture, en pépinière et en foresterie :

  • Le bouturage, qui consiste à faire former des racines à un fragment de plante (tige, feuille, racine), la bouture, détaché de la plante mère ;
  • Le greffage, qui unit deux plantes distinctes — le greffon (la partie aérienne) et le porte-greffe (la partie racinaire) — pour qu’elles forment ensemble un seul organisme fonctionnel.

Ces deux pratiques s’appuient sur des mécanismes physiologiques similaires, en particulier la réaction de cicatrisation et la régénération de tissus après une blessure. Mais elles poursuivent des objectifs différents et mobilisent des processus distincts à l’échelle cellulaire et hormonale.

Cet article propose d’explorer en détail ces deux formes de régénération, en expliquant :

  • comment se forment les racines adventives dans le cas du bouturage ;
  • comment deux plantes peuvent fusionner durablement dans le cas du greffage ;
  • et comment la plante oriente sa réponse en fonction du contexte.

I. Le bouturage : comprendre la formation des racines adventives

Le bouturage est une méthode de multiplication végétative qui consiste à prélever un morceau d’une plante (la bouture) — par exemple une tige, une feuille ou une racine — et à le placer dans des conditions favorables pour qu’il développe de nouvelles racines. Si tout se passe bien, ce fragment devient une plante autonome, génétiquement identique à la plante d’origine.


Plante bouturée dans de l'eau.

Cette technique est utilisée depuis des siècles en pépinière et en jardinage, car elle permet de reproduire fidèlement des variétés sélectionnées pour leur goût, leur floraison, leur vigueur ou leur résistance. Elle évite les variations génétiques liées à la reproduction sexuée, et peut parfois accélérer la mise à fruit, car le fragment prélevé est physiologiquement plus mûr qu’un jeune plant issu de graine.

Mais derrière sa simplicité apparente, le bouturage met en jeu des mécanismes cellulaires complexes, notamment pour initier la formation des racines adventives — c’est-à-dire des racines qui apparaissent à des endroits où elles ne se forment normalement pas.

1. Réponse de la plante à la coupe : la formation du cal

Quand une bouture est prélevée, cela provoque une blessure au niveau du point de coupe. La plante déclenche alors un mécanisme de cicatrisation.

Dans les jours qui suivent, certaines cellules autour de la blessure entrent en division rapide. Elles forment un tissu de réparation appelé cal. Le cal est constitué de cellules peu différenciées (c’est-à-dire non spécialisées) capables de redevenir n’importe quel type de tissu végétal selon les signaux reçus.

Ce cal joue deux rôles :

  • il protège la blessure en comblant l’espace laissé vide,
  • il sert de point de départ pour la reconstruction d’un nouvel organe, ici les racines.

Ces racines, dites adventives, ne se forment pas à partir de racines existantes, mais à partir de cellules présentes dans des tissus comme le cambium (couche de cellules responsable de la croissance en épaisseur), ou le parenchyme vasculaire (tissu de réserve et de soutien autour des vaisseaux).

Le processus de formation des racines se déroule en trois étapes :

  1. Induction : la plante perçoit la blessure et commence à reprogrammer certaines cellules.
  2. Initiation : des cellules spécifiques commencent à se diviser en organisant un nouveau méristème (zone de croissance) racinaire.
  3. Expression : les racines adventives émergent visiblement et se développent.

Il ne s’agit donc pas simplement d’une réaction de secours, mais bien d’une réorganisation profonde du fonctionnement cellulaire.

2. Le rôle des hormones végétales

Le déclenchement de l’enracinement dépend fortement des phytohormones, les molécules de signalisation produites par la plante. Parmi elles, l’auxine est la plus importante.

  • L’auxine, notamment sous forme d’IAA (acide indole-3-acétique) ou d’IBA (acide indole-3-butyrique), s’accumule près du site de coupe. Elle stimule les cellules à se diviser et oriente leur différenciation vers la formation de racines. C’est pourquoi on utilise souvent des poudres ou gels d’auxine pour favoriser l’enracinement.
  • Les cytokinines, quant à elles, ont un effet opposé : elles freinent la formation des racines lorsqu’elles sont présentes en grande quantité. Un rapport élevé auxine/cytokinine est donc favorable à l’enracinement.
  • Les gibbérellines (hormones de croissance) ont tendance à inhiber la formation des racines, préférant stimuler l’allongement des cellules.
  • L’éthylène, gaz produit en réponse au stress, peut avoir un effet variable selon les espèces : il peut soit soutenir, soit perturber la formation des racines.
  • D’autres hormones comme l’acide jasmonique (impliqué dans la défense) ou l’acide abscissique (ABA, régulateur de stress hydrique) jouent aussi un rôle secondaire mais modulant.

Ainsi, le succès du bouturage ne dépend pas uniquement de la présence d’auxine, mais d’un équilibre complexe entre plusieurs hormones, influencé par l’état de la plante et par son environnement.

3. Conditions environnementales favorables

Le succès du bouturage est aussi fortement conditionné par l’environnement dans lequel on place la bouture.

  • Humidité : La bouture, privée de racines, ne peut pas absorber d’eau. Une humidité élevée (souvent maintenue par un dôme ou un sac plastique) est essentielle pour éviter qu’elle ne se dessèche. Mais l’excès d’humidité peut aussi favoriser les champignons pathogènes.
  • Température : Une température modérée favorise la division cellulaire. En général, on recommande 20 à 25°C pour l’air ambiant, et un peu plus pour le substrat. Des tapis chauffants peuvent être utilisés pour maintenir cette chaleur douce.
  • Lumière : Une lumière vive mais indirecte est idéale. Trop de soleil peut provoquer un dessèchement rapide, mais trop peu de lumière freine la croissance. Il faut trouver un juste équilibre.
  • Âge et état de la plante mère : Les tissus jeunes (comme les extrémités tendres d’une pousse) ont souvent un meilleur potentiel d’enracinement que les bois plus âgés. Cela est en partie dû à leur richesse naturelle en auxine et à leur activité métabolique plus intense.

II. Le greffage : comprendre la fusion entre deux plantes

Le greffage est une autre méthode de multiplication végétative, mais son principe diffère fondamentalement du bouturage. Au lieu de faire repartir une plante complète à partir d’un fragment isolé (la bouture), le greffage unit deux plantes différentes (le greffon et le porte-greffe) pour qu’elles grandissent ensemble comme une seule.

Cette technique repose sur la capacité des plantes à réparer leurs tissus après une blessure, en établissant une continuité entre deux systèmes vasculaires. Le greffage est utilisé depuis l’Antiquité, notamment en arboriculture, pour transmettre des caractéristiques précises : le greffon apporte les qualités de la variété cultivée (goût, forme, floraison), tandis que le porte-greffe fournit un système racinaire robuste, adapté au sol ou résistant aux maladies.


Quelques greffons sur un porte-greffe

1. Les rôles du greffon et du porte-greffe

Un greffage implique toujours deux parties :

  • Le greffon, généralement un petit rameau avec un ou plusieurs bourgeons. C’est la partie supérieure, celle qui va donner les tiges, les feuilles, les fleurs ou les fruits.
  • Le porte-greffe, qui fournit les racines et parfois une partie du tronc. Il est choisi pour ses qualités agronomiques : tolérance au calcaire, vigueur, résistance aux maladies du sol, contrôle de la taille de l’arbre, etc.

Une fois assemblées, ces deux parties ne fusionnent pas génétiquement, mais elles établissent une continuité fonctionnelle, grâce à une reconnexion de leurs tissus vasculaires : c’est ce qui permet la circulation de l’eau, des nutriments et des hormones.


Greffe de figuier réussie sur un porte-greffe (une variété non productive)

2. Le processus de formation de l’union de greffe

La réussite d’un greffage repose sur une séquence d’événements biologiques bien coordonnée, en réponse à la blessure provoquée par la coupe. On peut la diviser en trois grandes étapes :

a) Adhésion et cicatrisation initiale (jours 1 à 2)

Immédiatement après la mise en contact, les cellules des deux plantes réagissent à la blessure. Une fine couche nécrotique (faite de cellules mortes) se forme au niveau de la coupure. Elle agit à la fois comme une barrière protectrice et comme un signal d’alerte.

Dans les tissus proches de la blessure (notamment le cambium), certaines cellules se réactivent et commencent à se diviser. Un cal commence à se former entre les deux partenaires, créant un pont cellulaire provisoire.

b) Prolifération du cal et formation de la jonction (jours 3 à 7)

Le cal continue de se développer des deux côtés de l’union. Progressivement, il comble l’espace entre greffon et porte-greffe. Les cellules du cal produisent une paroi commune, puis des canaux qui relient les cellules, permettant un début d’échange entre les deux tissus.

À ce stade, la zone de greffe devient mécaniquement plus solide, et la première connexion cellulaire vivante s’établit.

c) Reconnexion des tissus vasculaires (au-delà d’une semaine)

Une nouvelle couche de cambium se différencie au sein du cal. Ce nouveau tissu méristématique produit ensuite :

  • du phloème, pour transporter les sucres et les hormones depuis les feuilles ;
  • du xylème, pour conduire l’eau et les minéraux depuis les racines.

Une fois les connexions établies, la plante redevient fonctionnelle comme un tout. Elle forme un organisme sous forme de duo, dans lequel chaque partie garde son patrimoine génétique, mais partage un fonctionnement intégré.

3. Le rôle des hormones et des sucres

Comme dans le bouturage, les phytohormones jouent un rôle central dans la réussite du greffage.

  • L’auxine est cruciale pour déclencher la formation de tissus vasculaires. Elle est produite dans le greffon et migre vers le point de greffe. Son transport, facilité par des protéines spécifiques , stimule la différenciation des cellules en xylème et phloème.
  • Les cytokinines, fabriquées principalement dans les racines, favorisent la formation des vaisseaux, surtout du xylème. Leur action combinée avec celle de l’auxine est essentielle pour assurer une reconnexion complète.
  • Les sucres, produits par la photosynthèse dans les feuilles du greffon, sont aussi indispensables : ils fournissent l’énergie pour la division cellulaire et servent de molécules de signalisation. Si la photosynthèse est réduite (par exemple en cas d’ombre), la formation de l’union peut être ralentie.

4. Les conditions de réussite (et les causes d’échec)

La réussite d’un greffage dépend de plusieurs facteurs clés :

  • Compatibilité génétique : Plus les deux plantes sont proches, plus elles ont de chances de réussir leur union. Les greffes entre variétés d’une même espèce ou d’un même genre sont généralement compatibles. Les greffes entre familles (interfamiliales) sont très rares.
  • Alignement du cambium : Le cambium est une fine couche de cellules entre le bois (xylème) et l’écorce (phloème). Pour que la reconnexion se fasse, il faut que les cambia du greffon et du porte-greffe soient bien en contact.
  • État physiologique des deux partenaires : Le greffon est souvent prélevé en dormance, pour éviter une consommation trop rapide des réserves. Le porte-greffe, lui, doit être en sève (actif), ce qui favorise la cicatrisation.
  • Propreté et conditions de greffage : Une coupe propre, sans infection, et une bonne pression de contact sont essentielles. Températures modérées, humidité maîtrisée, et protection contre les agents pathogènes sont également importantes.

5. L’incompatibilité de greffe : causes et conséquences

Parfois, malgré des conditions idéales, la greffe échoue. On parle alors d’incompatibilité. Celle-ci peut avoir plusieurs origines :

  • Problèmes anatomiques : mauvaise reconnexion des tissus, croissance déséquilibrée.
  • Réactions immunitaires : certaines plantes réagissent comme si le greffon était un “corps étranger” et déclenchent une mort cellulaire locale.
  • Blocages hormonaux ou énergétiques : absence de transport d’auxine, manque de sucres ou mauvaise communication entre les tissus.

Dans certains cas, la greffe “prend” au début mais échoue à long terme : on parle alors de défaillance tardive.

III. Raciner ou fusionner ? Ce que “choisit” la plante

Face à une blessure, la plante déclenche une série de réponses internes. Qu’il s’agisse d’une bouture isolée ou d’un greffage, le premier réflexe est le même : protéger la zone lésée et amorcer la réparation par la formation d’un cal. Ce tissu de cicatrisation, indifférencié, constitue un “terrain neutre” depuis lequel la régénération peut démarrer.

Mais ce point commun s’arrête là. Car très rapidement, la plante oriente différemment sa régénération selon le contexte :

  • Dans une bouture, il n’y a plus de racines. L’objectif est donc de recréer un système racinaire de toutes pièces.
  • Dans un greffage, les racines du porte-greffe sont présentes. Le but est de rétablir la connexion vasculaire entre deux parties qui étaient séparées.

Autrement dit, la plante ne “choisit” pas consciemment, mais réagit selon les signaux internes et externes qu’elle perçoit.

1. L’auxine : un signal central de régénération

Dans les deux cas, l’auxine joue un rôle fondamental. Elle agit comme un messager moléculaire qui indique à la plante que des réparations sont nécessaires.

  • Dans une bouture, l’auxine s’accumule près de la coupe et stimule la formation de racines adventives.
  • Dans un greffage, elle favorise la différenciation des tissus vasculaires et la reconstitution du système de transport.

Son effet dépend à la fois de sa concentration, de sa source (locale ou distante), de son transport, mais aussi des interactions qu’elle entretient avec d’autres hormones.

2. Le rôle des sucres : énergie et information

Les sucres jouent aussi un double rôle. Ce ne sont pas seulement des carburants pour la croissance. Ce sont aussi des signaux métaboliques qui renseignent la plante sur son état énergétique.

  • Dans une bouture, ils permettent aux cellules de se diviser malgré l’absence de racines fonctionnelles.
  • Dans un greffage, ils soutiennent la formation du cal et des tissus vasculaires.

Une carence en sucre (par exemple en cas de coupe de toutes les feuilles d’une bouture) diminue fortement les chances de régénération.

3. Le contexte oriente la réponse

La façon dont la plante régénère dépend donc de nombreux paramètres :

  • Anatomiques : présence ou non d’un cambium en face ; continuité tissulaire possible ou non.
  • Hormonaux : rapport auxine/cytokinine, réponse à l’éthylène, etc.
  • Génétiques : certaines espèces enracinent plus facilement, d’autres sont plus compatibles en greffage.
  • Environnementaux : lumière, température, humidité, stress.

Dans une bouture, l’absence de racines envoie un signal clair : il faut en former de nouvelles. Dans un greffage, la proximité d’un système racinaire déjà fonctionnel oriente la réponse vers la reconnexion vasculaire, pas la création de racines supplémentaires.

La plante ne fait donc pas un “choix” actif, mais oriente son potentiel de régénération vers la solution la plus adaptée au contexte.

Conclusion

Le bouturage et le greffage sont deux approches complémentaires de la multiplication végétative, qui reposent toutes deux sur la plasticité régénérative des plantes. Elles mobilisent les mêmes principes fondamentaux de cicatrisation et de différenciation cellulaire, mais poursuivent des objectifs différents :

  • Le bouturage vise à créer une plante complète à partir d’un fragment, en formant un nouveau système racinaire.
  • Le greffage permet de combiner les qualités de deux plantes, en établissant une union fonctionnelle entre un greffon et un porte-greffe.

Dans les deux cas, la réussite dépend de la capacité de la plante à :

  • détecter une blessure,
  • activer la production de cal,
  • mobiliser ses hormones (en particulier l’auxine et les cytokinines),
  • et réagir de manière adaptée aux signaux internes (état physiologique) et externes (conditions de culture).

Une meilleure compréhension de ces mécanismes ouvre des perspectives concrètes : améliorer l’enracinement des espèces difficiles, surmonter certaines incompatibilités de greffe, ou encore optimiser les conditions de propagation.

Elle permet aussi d’imaginer des avancées en biotechnologie végétale : manipuler plus finement les équilibres hormonaux, guider la régénération de tissus, ou encore améliorer la résilience des plantes face aux blessures ou au stress.

Tableau 1 — Bouturage vs. Greffage : les différences essentielles

CritèreBouturageGreffage
Objectif principalFaire repartir une plante complète à partir d’un fragment, en formant de nouvelles racines.Unir deux plantes pour qu’elles poussent ensemble : le greffon (partie aérienne) et le porte-greffe (racines).
Type de matériel utiliséUn morceau de plante : tige, feuille ou racine (appelé bouture).Deux parties : un greffon (rameau) et un porte-greffe (plante enracinée).
Réaction après la coupeFormation d’un cal, puis apparition de racines adventives.Formation d’un cal entre les deux parties, puis reconnexion des tissus vasculaires.
Tissus impliqués dans la régénérationSurtout le cambium, le parenchyme et le cortex.Cambium, endoderme, cellules vasculaires du greffon et du porte-greffe.
Rôle de l’auxineStimule l’apparition des racines à partir de cellules proches de la coupe.Favorise la cicatrisation et la reformation des vaisseaux conducteurs (xylème, phloème).
Rôle des cytokininesPeu favorables à l’enracinement si elles sont en excès.Aident à la formation du xylème en interaction avec l’auxine.
Importance des sucresFournissent l’énergie nécessaire pour créer les nouvelles racines.Soutiennent la division cellulaire et la cicatrisation de la greffe.
Condition clé de réussiteCapacité à produire des racines rapidement, selon l’équilibre hormonal et les conditions de culture.Alignement précis des cambia et bonne compatibilité entre les deux plantes.
Compatibilité génétique requisePas nécessaire : on clone la plante mère.Très importante : les deux plantes doivent être proches pour réussir la fusion.
Type de système racinaire finalRacines nouvelles, souvent plus superficielles.Racines du porte-greffe, souvent plus profondes et adaptées au terrain.
Résultat génétiqueClone exact de la plante d’origine.Plante chimérique combinant deux génotypes (greffon + porte-greffe).


Tableau 2 — Phytohormones et régénération : qui fait quoi ?

PhytohormoneFonction généraleDans le bouturageDans le greffageRemarques
Auxine (IAA, IBA)Stimule la croissance et le développement des racines.Essentielle pour déclencher la formation des racines adventives.Favorise la formation des tissus vasculaires et la reconnexion entre greffon et porte-greffe.Interagit avec d’autres hormones, rôle central dans les deux cas.
CytokininesFavorisent la division cellulaire et la croissance des pousses.Peu favorables si trop présentes : elles freinent l’enracinement.Aident à former le xylème si présentes avec l’auxine.Leur effet dépend du bon équilibre avec l’auxine.
Gibbérellines (GA)Allongement des tiges, germination.Généralement défavorables à l’enracinement.Rôle plus indirect, parfois inhibiteur sur le cal.À surveiller si on cherche à favoriser la régénération.
ÉthylèneGère la réponse au stress et la sénescence.Peut aider ou nuire selon les espèces.Participe aux réactions de défense ou de cicatrisation.Rôle variable, dépend du contexte.
Acide abscissique (ABA)Gère les réponses au stress (sècheresse, froid).Présent en début de cicatrisation, puis diminue.Moins connu dans le greffage, mais impliqué dans la réponse au stress.Peut agir en interaction avec l’auxine.
Acide jasmonique (JA)Active les défenses et la réponse aux blessures.Peut stimuler la production d’auxine et soutenir l’enracinement.Rôle indirect dans la cicatrisation du greffage.Surtout actif dans les premiers jours après la coupe.



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