Le plaqueminier du Japon (Diospyros kaki L.) est un arbre fruitier caduc de la famille des Ébénacées. Originaire d'Asie, il est cultivé depuis des millénaires pour ses fruits sucrés et riches en nutriments. Aujourd'hui encore, le kaki séduit par sa rusticité relative, sa beauté ornementale et la qualité de ses fruits.
Comprendre les mécanismes de floraison et de fructification de cet arbre est indispensable pour bien le conduire et espérer des récoltes régulières. La floraison, en particulier, conditionne directement le rendement et dépend de plusieurs facteurs biologiques que l'on peut influencer par la taille et d'autres pratiques culturales. Cet article fait le point sur les connaissances scientifiques actuelles, en expliquant les types de rameaux, le cycle de développement floral et les implications pour la conduite de l'arbre.
Origine, nature et rôle des rameaux fructifères chez le kaki
Le rameau mixte : le support principal des fleurs et des fruits
Le kaki produit ses fleurs sur des rameaux qui poussent au printemps de l'année en cours. Ces rameaux sont appelés "rameaux mixtes" : ils portent à la fois des feuilles et des fleurs. Ce sont ces rameaux qui, après pollinisation, donneront les fruits.
Mais ces rameaux mixtes ne poussent pas n'importe où : ils proviennent de bourgeons formés l'année précédente sur le bois d'un an. Ces bourgeons, dits "mixtes", contiennent déjà les ébauches de feuilles et de fleurs. Ils sont restés dormants pendant l'hiver et se sont ouverts au printemps. C'est pourquoi la gestion du bois d'un an est essentielle : sans lui, pas de rameaux mixtes, et donc pas de production.
Autres types de rameaux
- Rameaux à bois : ce sont des pousses qui ne portent que des feuilles. Elles sont utiles pour faire croître l'arbre, mais ne participent pas à la production de fruits.
- Gourmands : pousses très vigoureuses qui partent souvent à la verticale, depuis des branches anciennes ou le tronc. Souvent stériles la première année, elles peuvent toutefois devenir productives si elles sont arquées ou pincées.
- Pousses secondaires : elles apparaissent plus tard dans la saison sur des rameaux déjà en place. Si elles sont trop nombreuses, elles peuvent concurrencer les fruits en formation.
- Pousses courtes fructifères : certains auteurs mentionnent des pousses très courtes portant une fleur, comparables aux "dards" du pommier. Chez le kaki, ces structures sont rares et leur rôle dans la production reste secondaire.
Le cycle floral du kaki : un processus sur deux années
Le développement floral s'étend sur deux saisons :
- Année N-1 : pendant la croissance printanière et estivale, l'arbre forme des rameaux. À la base des feuilles, des bourgeons se développent. Certains de ces bourgeons deviennent des bourgeons mixtes, contenant à la fois les futures feuilles et les futures fleurs. Ces bourgeons entrent en dormance à l'automne.
- Année N : au printemps suivant, ces bourgeons mixtes s'ouvrent et produisent les rameaux mixtes. Sur ces rameaux, les fleurs apparaissent à l'endroit où les feuilles sont insérées sur le rameau (on parle de position axillaire). Souvent, les fleurs se trouvent dans la partie inférieure ou médiane de la pousse, c’est-à-dire vers la base ou le milieu.
Ce cycle explique pourquoi les pratiques de taille, de fertilisation et d'irrigation en année N-1 influencent fortement la récolte de l'année N.
Les fleurs du kaki : types et localisation
Où apparaissent les fleurs ?
Les fleurs se forment toujours sur les pousses de l'année en cours, issues de bourgeons formés l'année précédente. Elles se développent à l'aisselle des feuilles, c’est-à-dire à l’endroit où la feuille rejoint le rameau, souvent dans la moitié inférieure de ce rameau.
Types de fleurs
Le kaki présente une diversité florale importante. Les arbres peuvent porter :
- Uniquement des fleurs femelles : c'est le cas de nombreuses variétés commerciales. Ces arbres peuvent produire des fruits par parthénocarpie (sans pollinisation), ou nécessiter la présence d’un arbre pollinisateur.
- Uniquement des fleurs mâles : arbres utilisés comme pollinisateurs.
- Les deux types de fleurs : sur le même arbre, parfois en proportions variables selon les années.
- Parfois aussi des fleurs bisexuées : portant à la fois des organes mâles et femelles. Ces cas sont plus rares et encore étudiés.
Floraison du kaki, sur le bois de l'année
Dans certains textes scientifiques, on parle d'arbres "trimonoïques" pour désigner ceux qui portent tous ces types de fleurs. Ce terme est utilisé par commodité, mais n’est pas unanimement accepté en botanique.
Description des fleurs
- Fleurs femelles : généralement seules, elles ont un calice bien visible qui reste accroché et se développe avec le fruit. Leur pistil (organe femelle central) est fonctionnel.
- Fleurs mâles : plus petites, souvent regroupées par trois. Elles produisent du pollen mais ne donnent pas de fruits.
- Fleurs bisexuées : plus rares, elles contiennent à la fois un pistil et des étamines fonctionnelles (organes mâles producteurs de pollen).
Taille et floraison : un équilibre à trouver
Taille d'hiver
Elle permet de :
- Former la structure de l'arbre,
- Supprimer le bois mort ou mal orienté,
- Sélectionner les rameaux d’un an bien placés, qui porteront les futurs rameaux mixtes.
Mais une taille trop sévère peut provoquer une forte pousse végétative au printemps, au détriment de la floraison.
Taille d'été
Elle permet de :
- Limiter les pousses trop vigoureuses (comme les gourmands),
- Éclaircir la canopée pour favoriser la lumière,
- Stimuler la formation de bourgeons floraux pour l’année suivante.
Le pincement (coupure de l’extrémité d’une pousse encore tendre) ou l’arcure (courber une branche vers l’horizontale) sont des techniques utiles pour modérer la vigueur et favoriser la future fructification.
Conclusion
La floraison du plaqueminier du Japon repose sur un équilibre subtil entre le développement végétatif et la mise à fruit. Les fleurs apparaissent sur les pousses de l’année, elles-mêmes issues de bourgeons mixtes formés l’année précédente sur le bois d’un an.
Préserver et sélectionner intelligemment ce bois d’un an est la clef d’une bonne production. Une taille trop légère ou trop sévère, un excès de vigueur ou un manque de lumière : tous ces facteurs influencent la formation des fleurs, et donc la récolte.
Comprendre ce cycle de deux ans permet d’adapter ses pratiques à l’arbre, de manière plus rationnelle et durable. La conduite du kaki devient alors un dialogue avec son rythme propre, et non une succession d’interventions empiriques.
Sources
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