I. Introduction : Le Cornouiller Mâle et la Question de la Fructification
Le cornouiller mâle (Cornus mas L.) est un arbuste ou un petit arbre appartenant à la famille des Cornaceae, originaire d'Europe centrale et méridionale ainsi que d'Asie occidentale. Apprécié pour sa floraison hivernale précoce et spectaculaire de petites fleurs jaunes apparaissant bien avant les feuilles, ainsi que pour ses fruits comestibles, les cornouilles, il est cultivé depuis l'Antiquité. Ces fruits, des drupes de couleur rouge à maturité, sont non seulement utilisés pour la confection de confitures, jus, et liqueurs, mais possèdent également des valeurs nutritionnelles et médicinales reconnues, étant riches en vitamine C et en composés antioxydants. Sa robustesse et sa longévité, pouvant dépasser 100 ans, en font également un sujet de choix pour les jardins et les vergers.
Cependant, une question récurrente pour les amateurs et les professionnels est celle de sa fructification. De nombreuses sources horticoles et observations empiriques suggèrent ou recommandent explicitement la plantation de plusieurs spécimens de Cornus mas, idéalement de variétés différentes, pour assurer une bonne production de fruits. Cette recommandation, loin d'être arbitraire, soulève des interrogations sur les mécanismes biologiques qui la sous-tendent. La nécessité perçue d'un deuxième plant pour obtenir des fruits en quantité satisfaisante indique que des processus biologiques spécifiques régissent la reproduction de cette espèce. Ce rapport vise donc à élucider les raisons scientifiques de cette exigence en explorant en détail la biologie reproductive du cornouiller mâle, en s'appuyant sur la littérature scientifique et les données horticoles disponibles.
Au-delà de sa production fruitière, le cornouiller mâle présente un intérêt ornemental indéniable grâce à sa floraison précoce qui illumine les jardins en fin d'hiver. De plus, ses fleurs constituent une source de nectar et de pollen précieuse pour les insectes pollinisateurs, notamment les abeilles, à une période où peu d'autres ressources sont disponibles. Comprendre les facteurs influençant sa fructification permet non seulement d'optimiser les récoltes, mais aussi de valoriser pleinement le potentiel multifonctionnel de cet arbuste.
II. Biologie Florale et Pollinisation Naturelle du Cornus mas
La compréhension des mécanismes de fructification du Cornus mas commence par l'examen de sa biologie florale. Les fleurs du cornouiller mâle sont hermaphrodites, c'est-à-dire qu'elles possèdent à la fois les organes reproducteurs mâles (étamines, qui produisent le pollen) et les organes reproducteurs femelles (pistil, composé de l'ovaire, du style et du stigmate). Cette caractéristique est une condition nécessaire, mais non suffisante, pour permettre l'auto-fécondation. Les fleurs sont petites, d'un jaune vif, et regroupées en inflorescences de type ombelle simple, comptant de 5 à 15 fleurs. Ces ombelles apparaissent sur le bois nu de l'année précédente, bien avant le développement des feuilles, et chaque inflorescence est initialement protégée par un involucre de quatre bractées brunâtres à jaune verdâtre qui s'ouvrent à la floraison.
La période de floraison du Cornus mas est remarquablement précoce, survenant généralement de février à mars selon les conditions climatiques régionales. Cette précocité fait du cornouiller mâle l'une des premières sources de nourriture (nectar et pollen) pour les insectes pollinisateurs, en particulier les abeilles domestiques et sauvages, qui reprennent leur activité à la sortie de l'hiver. La pollinisation est assurée par ces insectes ; on parle de pollinisation entomophile. La surface du pollen de Cornus mas est d'ailleurs recouverte de pollenkitt, une substance adhésive typique des plantes dont le pollen est transporté par les insectes.
Un aspect intéressant de la phénologie florale du cornouiller mâle, rapporté par certaines observations, est que les jeunes plants pourraient initialement produire une majorité, voire exclusivement, des fleurs mâles (staminées), c'est-à-dire des fleurs ne possédant que des étamines fonctionnelles et pas de pistil viable. Ce n'est qu'avec la maturité de l'arbre que des fleurs parfaites, hermaphrodites et pleinement fonctionnelles, seraient produites en abondance. Le nom spécifique "mas", signifiant "mâle" en latin, pourrait d'ailleurs faire allusion à cette particularité juvénile ou, selon d'autres interprétations, à la dureté et à la robustesse de son bois. Ce phénomène de "masculinité juvénile", s'il est avéré et généralisé, pourrait expliquer pourquoi un jeune cornouiller mâle isolé ne fructifie pas, indépendamment des questions de compatibilité pollinique qui se posent pour les arbres matures. Il est important de distinguer cette phase développementale des mécanismes d'auto-incompatibilité qui affectent la reproduction des arbres adultes. Les informations disponibles ne font pas état de manière claire d'une dichogamie marquée (décalage temporel de la maturité des organes mâles et femelles au sein d'une même fleur ou d'un même individu) chez les fleurs hermaphrodites matures de Cornus mas, bien que ce soit un mécanisme courant chez d'autres espèces pour favoriser la pollinisation croisée.
La floraison très précoce, bien qu'avantageuse pour les pollinisateurs, expose également les fleurs aux aléas climatiques. Des températures basses, le gel tardif, ou des périodes de pluie prolongée peuvent réduire l'activité des insectes pollinisateurs. Une faible activité des pollinisateurs peut limiter le transport du pollen et, par conséquent, la nouaison, même si les conditions de compatibilité sont réunies. La présence de plusieurs arbres, augmentant l'attractivité générale pour les pollinisateurs et la quantité de pollen disponible, pourrait partiellement compenser ces conditions défavorables.
III. Auto-Fertilité, Pollinisation Croisée et Leurs Conséquences sur la Fructification
Pour comprendre pourquoi la présence d'un deuxième plant de cornouiller mâle est souvent recommandée, il est essentiel de définir quelques termes clés de la biologie de la reproduction. L'auto-pollinisation est le transfert de pollen des étamines vers le pistil de la même fleur ou d'une autre fleur du même individu (ou d'un clone génétiquement identique). La pollinisation croisée, ou allogamie, est le transfert de pollen entre des individus génétiquement distincts, c'est-à-dire différentes variétés ou des plants issus de semis. L'auto-fertilité est la capacité d'une plante à produire des graines et des fruits viables après auto-pollinisation, tandis que l'auto-stérilité (souvent synonyme d'auto-incompatibilité) est l'incapacité d'une plante à le faire, malgré la production de pollen et d'ovules fonctionnels.
Concernant le Cornus mas, la littérature scientifique et horticole présente un tableau nuancé. De nombreuses sources le décrivent comme étant "partiellement auto-fertile". Cela signifie qu'un plant isolé peut théoriquement produire quelques fruits par auto-pollinisation. Cependant, cette auto-fertilité est souvent faible ou variable, et la production de fruits sur un arbre isolé est fréquemment décevante en quantité. D'autres sources, s'appuyant sur des études plus spécifiques ou des observations de terrain attentives, indiquent que le Cornus mas "nécessite une pollinisation croisée pour une bonne fructification" , ou que la fructification est significativement "meilleure" ou "plus abondante" en présence d'un partenaire de pollinisation. Cette apparente divergence s'explique par le fait que même si une auto-fécondation limitée est possible, elle n'est généralement pas suffisante pour assurer une récolte commercialement viable ou satisfaisante pour un jardinier. Le terme "partiellement auto-fertile", bien que techniquement correct, peut ainsi induire en erreur le jardinier qui vise une production fruitière significative, car il tend à minimiser l'importance cruciale de la pollinisation croisée.
Les avantages de la pollinisation croisée pour le Cornus mas sont principalement quantitatifs. Elle conduit à une augmentation significative du taux de nouaison (le pourcentage de fleurs qui se transforment en fruits) et, par conséquent, à un rendement global plus élevé par arbre. Une étude rapporte que les rendements en culture, où la pollinisation croisée entre différents cultivars ou plants issus de semis est plus probable, peuvent atteindre 30 à 80 kg par plant, alors que les buissons sauvages, potentiellement plus isolés, produisent entre 2.8 et 10 kg par plant. Bien que moins documenté dans les extraits fournis, il est également possible que la pollinisation croisée améliore certains aspects qualitatifs des fruits, comme leur calibre ou le développement des graines.
Pour que la pollinisation croisée soit efficace, le pollen doit provenir d'un individu génétiquement distinct. Planter deux arbres issus de la même variété greffée (qui sont donc des clones génétiquement identiques) n'apportera pas les bénéfices de la pollinisation croisée si l'espèce présente des mécanismes d'auto-incompatibilité. Il est donc nécessaire de planter des cultivars différents ou d'associer un cultivar greffé avec un plant issu de semis, ce dernier étant génétiquement unique.
D'un point de vue évolutif, la pollinisation croisée est une stratégie qui favorise le brassage génétique et augmente la diversité génétique au sein des populations naturelles. Cette diversité accrue améliore la capacité d'adaptation des espèces à des environnements changeants et réduit les risques liés à la consanguinité. Les mécanismes d'auto-incompatibilité, qui seront discutés plus loin, sont l'un des moyens par lesquels les plantes "forcent" cette allogamie, assurant ainsi ces avantages évolutifs. La recommandation de planter plusieurs cornouillers mâles distincts s'inscrit donc non seulement dans une logique agronomique d'amélioration du rendement, mais aussi dans le respect des stratégies reproductives naturelles de l'espèce.
IV. Les Bases Scientifiques : L'Auto-Incompatibilité chez le Genre Cornus
L'auto-incompatibilité (AI) est un mécanisme génétiquement contrôlé, répandu chez de nombreuses espèces de plantes à fleurs, qui empêche l'auto-fécondation. Il s'agit d'une barrière qui intervient après la pollinisation mais avant la fécondation, permettant au pistil de reconnaître et de rejeter son propre pollen ou le pollen d'individus génétiquement trop proches. La fonction principale de l'AI est de promouvoir la pollinisation croisée (allogamie), ce qui augmente la diversité génétique des descendants et limite les effets délétères de la consanguinité. Il existe plusieurs types d'AI, les plus courants étant l'auto-incompatibilité gamétophytique (AIG), où la réaction d'incompatibilité est déterminée par le génome haploïde du grain de pollen lui-même, et l'auto-incompatibilité sporophytique (AIS), où la réaction est déterminée par le génome diploïde de la plante mère qui a produit le pollen (le sporophyte). Ces systèmes d'AI impliquent généralement un ou plusieurs locus génétiques spécifiques, appelés locus S, avec de multiples allèles.
Des indications d'auto-incompatibilité ont été rapportées pour plusieurs espèces du genre Cornus. Des études ont constaté de faibles taux de nouaison (formation de graines) à la suite d'une auto-pollinisation ou sur des plants isolés chez Cornus florida (cornouiller à fleurs), Cornus kousa (cornouiller du Japon), Cornus mas (cornouiller mâle), Cornus sericea (cornouiller stolonifère), et Cornus canadensis (cornouiller du Canada). Ces faibles taux de succès de l'auto-fécondation sont une manifestation phénotypique typique de la présence d'un système d'AI.
Chez Cornus sericea, l'existence d'un système d'auto-incompatibilité a été vérifiée plus directement par la comparaison de la croissance des tubes polliniques dans les styles après auto-pollinisation et pollinisation croisée. Il a été proposé que ce système d'AI soit contrôlé par un seul gène (locus S) possédant de multiples allèles et opérant de manière gamétophytique (AIG). Dans un tel système, si un grain de pollen porte un allèle S qui est également présent dans les tissus du pistil, sa germination peut être inhibée sur le stigmate, ou plus fréquemment, la croissance de son tube pollinique est arrêtée dans le style, l'empêchant ainsi d'atteindre l'ovule et de réaliser la fécondation.
Une étude plus détaillée menée sur Cornus florida a également comparé la germination du pollen et la croissance du tube pollinique après auto-pollinisation et pollinisation croisée contrôlées. Les résultats ont montré que, bien que la germination du pollen sur le stigmate ait été observée dans les deux cas (auto- et inter-pollinisation), et que des nombres similaires de grains germés aient été notés après 24 heures, la capacité des tubes polliniques issus de l'auto-pollinisation à effectuer une fécondation réussie est implicitement réduite, ce qui conduit aux faibles taux de nouaison observés. Il est important de noter que l'AI est un mécanisme de reconnaissance moléculaire précis et non une simple "préférence" de la plante pour le pollen étranger.
Bien que des études aussi détaillées sur le mécanisme moléculaire de l'AI chez Cornus mas ne soient pas explicitement décrites dans les documents fournis, le fait que C. mas soit régulièrement listé parmi les espèces de Cornus présentant de faibles taux de nouaison en auto-pollinisation rend l'hypothèse de la présence d'un système d'AI similaire (probablement de type AIG) très plausible par analogie avec ses congénères.
Il convient également de noter que la réussite de la fructification, même en cas de pollinisation croisée compatible, dépend de la qualité et de la viabilité du pollen. Des études spécifiques sur Cornus mas ont examiné la morphologie, la viabilité et la germination du pollen, ainsi que la présence de grains de pollen anormaux, qui pourraient tous affecter la fertilité. Par exemple, des pourcentages significatifs de pollen anormal (jusqu'à 27.6% chez certains cultivars) ont été rapportés, ce qui pourrait limiter l'efficacité de la pollinisation.
Enfin, la mention de parthénocarpie (développement de fruits sans graines) chez un hybride de Cornus (Cornus elwinortonii 'Starlight' ) est à noter. Cependant, l'absence de mentions similaires pour Cornus mas pur dans les documents suggère que la parthénocarpie n'est pas un mode de fructification courant pour cette espèce, et que la formation de graines, et donc une fécondation réussie, est généralement nécessaire au développement des cornouilles.
V. Apport de la Littérature Scientifique Spécifique au Cornus mas
Au-delà des analogies avec d'autres espèces du genre Cornus, des travaux scientifiques se sont intéressés spécifiquement à la biologie de la reproduction du Cornus mas. Une affirmation particulièrement directe provient d'une étude de Pirlak et Güleryüz (2005), citée dans deux articles distincts , qui énonce clairement que "le cornouiller mâle nécessite une pollinisation croisée pour une bonne fructification". Cette déclaration, issue de recherches ciblées sur C. mas, constitue une pièce maîtresse pour répondre à la question de l'utilisateur.
Plusieurs études se sont penchées sur les caractéristiques du pollen de Cornus mas, un élément crucial pour la reproduction sexuée. Des recherches détaillées ont décrit la morphologie et l'ultrastructure des grains de pollen de divers cultivars. Ces grains sont typiquement de forme elliptique, trizonocolporés (avec trois apertures composées d'un sillon et d'un pore), et présentent une surface (exine) ornée de petites épines (échinulée). La taille des grains de pollen peut varier significativement entre les cultivars, avec des longueurs polaires allant d'environ 21 µm à 27 µm.
La viabilité du pollen et sa capacité à germer ont également fait l'objet d'investigations. Des tests in vitro, utilisant par exemple le chlorure de triphényltétrazolium (TTC) ou l'iodure de potassium iodé (IKI) pour estimer la viabilité, ont montré que celle-ci peut être élevée chez de nombreux génotypes de Cornus mas, mais qu'elle varie. De même, les taux de germination du pollen in vitro sont variables et dépendent des conditions du milieu de culture, notamment de la concentration en saccharose et en acide borique. Fait important, une proportion non négligeable de grains de pollen anormaux (par exemple, rétrécis, avec peu ou pas de cytoplasme) a été observée chez certains cultivars, pouvant atteindre de 3.9% à 27.6%. La présence de tel pollen non fonctionnel réduit naturellement le potentiel de fécondation, même si le pollen est par ailleurs compatible. La quantité de pollen produite peut également varier d'un cultivar à l'autre. Ces variations dans la qualité et la quantité du pollen entre cultivars ont des implications directes : il ne suffit pas de planter un "autre" Cornus mas comme pollinisateur ; il est préférable de choisir un cultivar reconnu pour sa bonne production de pollen viable et sa compatibilité.
L'affirmation selon laquelle "la mise à fruit dépend principalement du processus de fécondation" chez les cultivars de cornouiller mâle renforce l'idée que les étapes de pollinisation (transfert de pollen viable et compatible) et de fécondation (fusion des gamètes) sont critiques pour l'obtention de fruits. Cela suggère, une fois de plus, que la parthénocarpie n'est pas un mécanisme de fructification majeur chez cette espèce.
Enfin, des recherches sont menées sur la diversité génétique du Cornus mas et sur la sélection de variétés améliorées. Des collections de germoplasme ont été établies dans plusieurs pays, comme en Ukraine où plus de 100 variétés ont été sélectionnées, ou en Autriche où la diversité génétique de 447 accessions a été analysée à l'aide de marqueurs moléculaires. Les critères de sélection pour ces programmes d'amélioration incluent typiquement la taille et la forme du fruit, sa couleur, la proportion du noyau par rapport à la pulpe, la période de maturation, le rendement, la résistance au gel, la vigueur de l'arbre, et, de manière significative pour notre propos, l'auto-fertilité. Le fait que l'auto-fertilité soit un objectif de sélection est une reconnaissance implicite de sa faiblesse ou de son absence dans de nombreuses populations naturelles ou cultivars existants. Si tous les Cornus mas étaient pleinement auto-fertiles, ce ne serait pas un critère de sélection prioritaire, ce qui renforce l'idée que la pollinisation croisée est la norme ou, du moins, la situation la plus favorable pour une bonne fructification.
VI. Implications Pratiques pour les Arboriculteurs et Jardiniers
Les connaissances scientifiques sur la biologie de la reproduction du Cornus mas ont des implications directes pour les arboriculteurs et les jardiniers souhaitant optimiser la production de cornouilles.
La recommandation principale, largement étayée par les sources horticoles et les principes biologiques discutés, est de planter au moins deux variétés (cultivars) distinctes de Cornus mas, ou d'associer un cultivar avec un plant issu de semis. Pour une fructification encore plus abondante et régulière, la plantation d'un groupe de trois variétés ou formes différentes peut être envisagée. Cette pratique vise à assurer une diversité génétique suffisante pour surmonter les éventuelles barrières d'auto-incompatibilité et fournir un pollen compatible.
Lors du choix des partenaires de pollinisation, il est crucial que les plants soient génétiquement différents. Deux arbres du même cultivar greffé, étant des clones, sont génétiquement identiques et ne pourront donc pas se polliniser efficacement entre eux si un système d'auto-incompatibilité est en jeu. En revanche, un plant issu de semis est génétiquement unique et constitue un excellent partenaire de pollinisation pour un cultivar greffé, et vice-versa. Bien que la plupart des variétés de Cornus mas aient des périodes de floraison qui se chevauchent naturellement en raison de leur précocité commune, s'assurer de cette synchronie est un plus.
Concernant l'espacement et la disposition des plants, les pollinisateurs doivent être plantés à une distance permettant aux insectes, principalement les abeilles, de voyager facilement de l'un à l'autre. Une distance d'environ 3 mètres (10 pieds) est suggérée si les cornouillers sont cultivés en haie. Pour des arbres plus isolés, une distance allant jusqu'à 30 mètres (environ 100 pieds) peut encore permettre une pollinisation croisée, mais une proximité plus grande est généralement préférable pour une efficacité maximale.
Il existe une variabilité au sein des cultivars spécifiques quant à leur degré d'auto-fertilité. Certains, comme le cultivar 'Kazanlak', sont décrits comme étant "auto-fertiles", suggérant qu'ils peuvent fructifier de manière satisfaisante même lorsqu'ils sont plantés seuls. Cependant, même pour ces cultivars, la présence d'un autre pollinisateur peut potentiellement améliorer le rendement. D'autres cultivars populaires, tels que 'Jolico', 'Pancharevski', et 'Shumenski', sont décrits comme "partiellement auto-fertiles" et il est explicitement mentionné qu'ils bénéficient d'une pollinisation croisée pour une meilleure production de fruits. Le tableau ci-dessous synthétise les informations de pollinisation pour quelques cultivars :
Tableau 1 : Caractéristiques de Pollinisation de Quelques Cultivars de Cornus mas
Cultivar | Caractéristique de Pollinisation (selon les sources) | Source(s) Principale(s) |
---|---|---|
'Kazanlak' | Auto-fertile | |
'Pancharevski' | Partiellement auto-fertile, meilleure production avec pollinisation croisée | |
'Shumenski' | Partiellement auto-fertile, meilleure production avec pollinisation croisée | |
'Jolico' | Partiellement auto-fertile, meilleure production avec pollinisation croisée | |
'Elegant' | Bénéficie de pollinisation croisée ; auto-fertile mais meilleure nouaison avec 2 cultivars | |
Type sauvage/issu de semis | Bon pollinisateur pour les cultivars greffés | |
Cultivars en général | Partiellement auto-fertiles, meilleure production avec deux cultivars |
Il est également important de prendre en compte que les jeunes arbres de Cornus mas peuvent mettre plusieurs années avant de commencer à fructifier : 3 à 5 ans pour la première floraison et 6 à 10 ans pour une fructification significative s'ils sont issus de semis. Les variétés greffées sont généralement plus précoces et peuvent commencer à produire des fruits dans les 1 à 2 ans suivant la transplantation. De plus, comme mentionné précédemment, les très jeunes arbres peuvent ne produire que des fleurs mâles durant leurs premières années.
La notion de "pollinisateur efficace" va au-delà de la simple présence d'un deuxième arbre. Une floraison synchrone, une bonne production de pollen viable et compatible par le plant pollinisateur, ainsi que la présence et l'activité d'agents pollinisateurs (abeilles) au moment de la floraison sont toutes des conditions nécessaires à une pollinisation croisée réussie. Si l'un de ces maillons fait défaut, la fructification peut être compromise malgré la présence de partenaires potentiels.
VII. Conclusion
La question de savoir pourquoi un deuxième plant de cornouiller mâle (Cornus mas) est nécessaire pour obtenir des fruits trouve une réponse claire à travers l'analyse de sa biologie reproductive et des observations horticoles. Bien que les fleurs de Cornus mas soient hermaphrodites, l'espèce est largement considérée comme partiellement auto-fertile, de nombreux individus et cultivars manifestant des caractéristiques suggérant un système d'auto-incompatibilité. Ce mécanisme génétique, dont la fonction est de promouvoir la diversité génétique, limite l'efficacité de l'auto-pollinisation.
En conséquence, la pollinisation croisée, c'est-à-dire le transfert de pollen entre des individus génétiquement distincts (différents cultivars ou plants issus de semis), s'avère cruciale pour assurer une nouaison et un rendement en fruits optimaux. La simple présence d'un seul arbre, même s'il peut produire quelques fruits, ne suffit généralement pas pour une récolte abondante et régulière. La plantation de plusieurs variétés distinctes ou l'association de cultivars avec des plants issus de semis permet de fournir le pollen compatible nécessaire à une fécondation efficace.
Les études scientifiques spécifiques au Cornus mas confirment cette nécessité de pollinisation croisée et mettent en lumière la variabilité de la qualité et de la quantité du pollen entre les différents génotypes, soulignant l'importance du choix des partenaires de pollinisation. Bien que des recherches plus approfondies sur les mécanismes moléculaires précis de l'auto-incompatibilité chez Cornus mas seraient utiles pour affiner notre compréhension, les données actuelles, combinées aux analogies avec d'autres espèces du genre Cornus, fournissent une explication scientifique robuste.
Pour le jardinier ou l'arboriculteur, le message est donc clair : pour maximiser les chances d'une récolte généreuse de cornouilles, il est fortement recommandé de planter au moins deux cornouillers mâles génétiquement différents à proximité l'un de l'autre, en tenant compte de la possibilité que certains cultivars puissent être plus auto-fertiles que d'autres. Cette approche respecte non seulement les impératifs biologiques de l'espèce mais assure également une meilleure valorisation de cet arbuste aux multiples attraits.
VIII. Références Scientifiques Clés
Bien que de nombreuses informations proviennent de fiches techniques et de sources horticoles, les éléments scientifiques clés s'appuient sur les travaux suivants, directement ou indirectement cités dans les documents analysés :
- Hummel, R. L., Ascher, P. D., & Pellett, H. M. (1982). Recherche sur l'auto-incompatibilité chez Cornus sericea..
- Klimenko, S. (2004). Recherches sur les cultivars et le rendement de Cornus mas. Journal of Fruit and Ornamental Plant Research, Special ed. vol. 12, 93-98..
- Mert, C., & Soylu, A. (2006, 2009). Études sur la morphologie du pollen et les anomalies chez Cornus mas..
- Pirlak, L., & Güleryüz, M. (2005). Affirmation concernant le besoin de pollinisation croisée chez Cornus mas..
- Reed, S. M. (Date non spécifiée dans l'extrait, étude publiée autour de 2004). Étude sur l'auto-incompatibilité chez Cornus florida. HortScience, 39(2), 335-338..
- Des études sur la morphologie et la qualité du pollen de Cornus mas publiées dans des journaux tels que Bangladesh Journal of Botany et des revues d'horticulture.